Les récits de Choukchine: Le metteur en scène letton Alvis Hermanis décrypte les chroniques rurales de Vassili Choukchine

Il a donné son nom à un prix littéraire et à un musée qui évoque un parcours original. Ecrivain-paysan inclassable, chantre de la taïga, chroniqueur du monde rural, Vassili Choukchine a résisté aux sollicitations d'un régime qui n'a jamais eu vraiment d'emprise sur lui.

Les récits de ce cinéaste mettent en scène des héros modestes, de ceux qui creusent les sillons dans l'ombre, des hommes qu'une étincelle, qu'une idée fixe, qu'une rencontre imprévue détournent du chemin tracé pour eux par les tsars rouges de Moscou. Ses personnages se heurtent à la réalité comme des enfants devant l'insoluble, provoquant des scènes déconcertantes d'humour et de dérision.

Il n'en fallait pas plus pour séduire Alvis Hermanis qui met en scène quelques-uns de ces récits dans ce spectacle créé au Théâtre des Nations de Moscou et qui apporte un nouvel éclairage au festival "Sibérie inconnue".

Directeur artistique du nouveau théâtre de Riga, coutumier d'un théâtre corrosif et provocateur ancré dans la réalité sociale, l'artiste letton a choisi une dizaine de nouvelles, des récits du quotidiens des villages soviétiques qu'il monte sans tomber dans la pâle illustration du monde paysan.

Chulpan Khamatova et Evgueni Mironov, deux des interprètes de ce spectacle de près de 3 heures en version originale sur-titrée, ont été récompensés par le prix "Turandot de cristal" pour les meilleurs rôles féminin et masculin.