YEVGENY MIRONOV, LE DEPARDIEU RUSSE

Le Progres
11.15.2010

Entre l'écrivain phare de l'ère soviétique Vassil Choukchine, et la modernité provocante et haute en couleur du metteur en scène Alvis Hermanis, il y a un monde. Et ce monde est porté par Yevgeny Mironov, la star des planches et des écrans russes. Avec une filmographie déjà conséquente, ce quadragénaire monopolise les prix d'interprétation et les "awards" russes depuis près de vingt ans, incarnant aussi bien Dostoïevski qu'un tueur psychopathe, un personnage de Kafka qu'un soldat de retour d'Afghanistan.

En visite tout récemment au festival de Krasnoyark en Sibérie, le comédien a créé un attroupement et regroupé en quelques secondes tous les journalistes russes disséminés dans la ville. "Si il y a une superstar en Russie, c'est lui "explique une cameraman de "Rossiya", une chaîne du service public. La star arrive en conférence de presse, flanquée au gouverneur de la ville, et entame un long discours sur la nécessité de conserver les théâtres des petites villes. Le gouverneur prend des notes. Puis Yevgeny Mironov évoque la pièce de Choukchine, qu'il a jouée la veille et qu'il doit jouer à Lyon.

"Le metteur en scène m'a expliqué que cette pièce devait être comme une devise. Pas une devise monétaire, une devise au sens où ce qui est évoqué est universel, et absolument inaltérable. On parle de la nécessité d'aller vers les autres, de tisser des liens, de favoriser la bonté. Partout où l'on joue, les spectateurs sont bouleversés par la sincérité et la vérité des personnages" explique le comédien. La pièce évoque la vie des paysans russes, avec une tendresse un peu brute et faussement candide, un peu à la manière des Deschiens aujourd'hui. "Ce texte est une merveille. Il n'y a quasiment pas de décor, on est juste assis sur un banc, habillés comme des étudiants fauchés. Cela suppose une économie de mouvement très étudiée, ça a changé notre façon de nous exprimer" conclut Mironov.